L’art de ne rien faire : une nécessité pour l’esprit.
Les sages d’Orient ont souvent comparé les exercices de méditation à un verre d’eau boueuse que l’on puise dans une mare.
Laissons reposer quelques instants, ce verre d’eau boueuse.
La boue se décante, se dépose au fond et l’eau claire apparaît au-dessus.
Il se passe la même chose lorsqu’on arrête la course de ses activités, pour se pauser, attentif à sa respiration et à son être. L’eau boueuse de nos pensées et de nos ruminations, omniprésente au début, se dépose peu à peu et l’eau claire de la conscience lucide apparaît en nous.
Bien sûr la boue ne disparaît pas ; mais dit-on en Orient, c’est parce qu’elle n’est plus en suspension et qu’elle se dépose au fond de la mare que la graine du lotus, peut s’y enraciner, pousser à la surface de l’eau et s’épanouir au soleil.
Cette métaphore adaptée du cahier de Marc de Smedt « Petit cahier d’exercices de méditation au quotidien » est belle mais comment mettre son cerveau en mode « pause » et adopter cet art si difficile de « ne rien faire ». Ralentir, retrouver des instants d’oisiveté, voire d’ennui, s’entourer de silence.
Voici quelques conseils pour lever le pied et s’ouvrir à la flânerie, ne fusse qu’un instant chaque jour, tout au long de cette année qui nous réservera bien des surprises, de belles et d’autres moins.
Ces bulles d’inactivité sans contraintes ni objectifs sont vitales pour la santé du corps et de l’esprit. Elles réduisent le niveau de stress en abaissant le taux d’adrénaline et de cortisol. Elles permettent de ralentir le rythme, de savourer ce qui se passe véritablement à l’instant, de prendre du recul.
De plus pendant ces pauses le cerveau a le temps de classer ce qu’il a emmagasiné et de faire le ménage de ce qui est utile ou non de « sauvegarder » .
« Ne rien faire », même une dizaine de minutes par jour, un programme parfois bien complexe à tenir car la tentation est grande de combler le vide par de petites activités.
« Ne rien faire », c’est apprendre à lâcher son téléphone, s’éloigner des écrans, arrêter de ranger, repasser, lire, s’occuper… Chacune de ces distractions sollicite notre cerveau, puise dans nos réserves et exige de l’attention.
Nous avons vite l’impression de perdre notre temps, accompagné par cette petite dose de culpabilité qui pointe son nez pour nous rappeler que c’est « maaaal » de « ne rien faire ».
Ressources pour ne rien faire
1. Opter pour la présence au quotidien
Vous êtes dans les transports en commun, ne sortez pas directement votre livre ni votre téléphone et pendant 5 minutes, contemplez votre environnement, en prenant conscience de votre rythme respiratoire. Même chose dans une salle d’attente ou partout ailleurs. Cette pratique de la pleine conscience non formelle peut se faire à tout moment de la journée. Prendre le temps de regarder par la fenêtre le balai des nuages, le vent dans les arbres, le dessin des gouttes de pluie sur le sol, le rythme des piétons… le spectacle de la vie.
2. Flâner
Marcher sans but précis, de préférence seul.e ou accompagné.e mais dans le silence. Observer, flâner, s’arrêter quand l’envie vous prend. Pas de photos à partager, de noms de fleurs, d’oiseaux à retrouver… Juste être présent.e aux images, aux sons, aux odeurs, aux ressentis de l’environnement.
Pour ma part j’adore marcher au rythme de ma petite-fille de 2,5 ans. Marcher avec elle, c’est s’émerveiller d’un insecte sur un brin d’herbe, d’un pavé mal ajusté qui balance, d’un avion qui passe.
Si vous avez un enfant sous la main. Essayez, c’est le bon rythme !

3. Adopter les astuces d’Olga Mecking
S’inspirer de trucs piochés dans Le Livre du Niksen de la néerlandaise Olga Mecking. Né du mot « niks » (rien) le niksen nous révèle comment l’oisiveté, ces parenthèses suspendues peuvent nous rendre plus heureux.ses, plus productif.ve.s et plus créatif.ve.s.
4. Pratiquer les siestes et micro-siestes
Quelle gourmandise de piquer un somme juste après le repas.
Les études confirment que la sieste améliore notre humeur. Elles vont même plus loin, en montrant que ses adeptes ont des réactions plus rapides et de meilleures performances aux tâches de logique, d’attention et de mémoire.
La sieste idéale ? Elle n’est pas trop longue et se pratique plutôt en début d’après-midi. La meilleure durée pour l’humeur et les capacités cognitives semble être de 20 minutes. Mais des siestes plus courtes, d’environ 10 minutes, sont également bénéfiques, car elles améliorent aussi les performances sans trop nous déconnecter des tâches à venir.
Alors pourquoi s’en priver quand c’est possible.
