Long dossier dans Cerveau et Psycho du mois de février 2016 sur notre sens le plus intime et aussi paradoxalement le plus social puisqu’il implique une interaction avec l’entourage, l’environnement et avec les autres.
Celui qui nous touche parle à notre cœur. Toutes les études scientifiques menées ces dernières années montrent qu’il faut réhabiliter ce sens trop longtemps cantonné à un rôle utilitaire de perception des textures ou des températures. De fait, il a fallu un demi-siècle avant que l’on s’aperçoive que notre peau est probablement notre premier organe social, elle qui contient des neurones spécialisés dans la transmission des affects positifs, depuis les relations parents-enfant jusqu’aux liens sociaux de la vie adulte.
Ces neurones fondent le sens de l’autre – l’autre qu’on a dans la peau, qui nous rassure et nous touche au sens propre comme au sens figuré. Une fois activées, les fibres du toucher dissipent la solitude, atténuent la douleur, chassent la peur et le stress. Ce qui explique pourquoi les personnes qui savent toucher leurs semblables ont autant de succès : meilleurs résultats en négociation, force de persuasion et de réconfort, statut social accru. Tout simplement parce que nous aimons ces gens qui parlent à notre peau, et à travers elle, à notre cœur.
Sébastien Bohler
Les articles en très bref:
A fleur de peau Notre corps est très réceptif au toucher grâce à des fibres nerveuses particulières que l’on a découvertes récemment. Ces fibres nerveuses sont à l’origine des émotions profondes que nous ressentons lorsqu’on nous caresse. La peau, l’organe de l’émotion et du toucher, est peut-être la partie de notre corps qui nous a permis de devenir des êtres sociaux
Le toucher est une arme douce En touchant autrui, nous établissons avec lui un lien de nature affective. Il lui est alors bien plus difficile d’être insensible à nos requêtes.
Le toucher qui guérit Massages, caresses, mains sur l’épaule: le toucher interrompt la transmission de la douleur vers le cerveau. les contacts corporels, en donnant aux patients le sentiment d’être humainement connectés, atténuent leur peur et le stress. Les soins par le toucher restent difficiles à évaluer, car ils reposent sur une relation personnelle.